Interview IF MAGAZINE - octobre 2006

Torri Higginson est bien connue des fans de Stargate comme interprétant la magnifique et brillante Dr. Elisabeth Weir, dans la série Stargate Atlantis. Tandis que le tournage de la 3ème saison est momentanement suspendu, IF MAGAZINE a réussi à coincer Higginson pour obtenir les impressions de la charmante actrice sur sa participation aux séries à succès de la chaîne SCI FI. Higginson s'est montrée très accessible et tous les sujets ont pu être abordés, sans aucun tabou au cours de cette interview exclusive.
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IF MAGAZINE: Joe Flannigan nie l'existence de la moindre alchimie entre vos personnages de la série. Qu'en pensez-vous?

TORRI HIGGINSON: Hé bien je ne peux pas répondre oui, s'il a déjà dit non parce qu'ensuite j'aurais l'air nulle … (rires) Je crois qu'à l'image de ce qui se passe dans la vie, une certaine alchimie se crée entre acteurs: et je pense que Joe en a peur. Il me semble que tout le monde est effrayé par la romance qui peut naître entre deux personnes, parce que si certains en sont friands, d'autres ne le sont pas. C'est le genre de trucs qui se produit de manière sous-jacente. Je ne crois pas qu'il soit très réaliste qu'il se passe jamais quelque chose de romantique entre ces deux personnages, même s'il peut être intéressant de laisser matière à rêver au public, sans que la relation se concrétise en fin de compte.

IF: Quand vous avez atterrit dans SGA, vous ne saviez pas vraiment à quoi vous attendre malgré les jalons déjà posés par SG1. Vous êtes "le Capitaine Janeway" d'Atlantis, comment vous arrangez-vous avec çà?

HIGGINSON: Quelle comparaison! Je l'adore! Je suppose que je vais devoir tenir la barre d'Atlantis, puisqu'en fait c'est un gros vaisseau, non? Nous devrions ensuite voguer dans l'espace. Je devine que j'ai, dès lors, quelques leçons de navigation à prendre. Je trouve que ce fut une bonne idée de la part du créateur de la série de mettre une femme à la tête d'Atlantis, car Stargate a toujours été très connoté militaire. Dans ce contexte, placer au commandement une femme qui n'est pas de surcroit dans l'armée est très intéressant. Selon moi, cela constitue un véritable challenge pour les auteurs, comme les acteurs, parce qu'en l'espèce il s'agit de créer un personnage, issu du monde civil mais dirigeant des militaires. Nous oscillons en permanence entre deux tendances: soit renforcer son autorité, soit la mettre en position de faiblesse. Le fait d'être une femme joue aussi: les hommes n'ont pas vraiment envie d'écouter ce qu'elle a à leur dire; demandez à mon ex! (rires) Le personnage de Joe peut ressembler à un petit garcon gâté qui suscite l'affection; et il fait çà avec un tel charisme que cela en devient tellement adorable.

IF: Vos budgets sont-ils répartis entre les épisodes à gros effets spéciaux et ceux plus axés sur les émotions?

HIGGINSON: C'est tellement vrai. Jason Momoa a eu un épisode épatant cette année, qui, je pense, a dû absorber l'intégralité de notre budget annuel. Il a été filmé comme un long métrage. Je crois qu'ils ont tourné pendant 20 jours, alors qu'en temps normal, le tournage d'un épisode ne dure que 6 jours. Par conséquent, mon épisode cette année se résume à moi, toute seule dans un cabanon. (rires) Mais je préfère çà, parce que je suis issue du monde du théâtre et que SCI FI représente un nouvel univers pour moi. Ainsi, moins ils ont d'argent pour les effets spéciaux, plus, en principe je suis contente. C'est en rapport avec le fait de jouer et de revenir à l'histoire même et aux personnages.

IF: A quoi ressemble typiquement votre plan de tournage pour une saison?

HIGGINSON: Chaque année, nous tournons entre mars et octobre et nous nous arrêtons un mois durant l'été pour une sorte de mise au point collective. Ensuite, chacun repart et les auteurs se remettent à écrire les scripts. En effet, ce qui se passe c'est que les auteurs écrivent en même temps pour les deux Stargate; ils travaillent donc sur 40 épisodes au lieu de 20. Ils ont besoin de ce mois de coupure en plein milieu du tournage pour rattraper les épisodes. Quant à nous, nous avons notre propre pause d'octobre à mars.

IF: Je crois que l'un de mes épisodes favoris reste celui de la saison 1 où votre personnage rencontre son double dans le futur en état de stase et qu'il doit affronter sa propre mort.

HIGGINSON: Mon double de 10 000 ans! Vous savez ce qui a été l'une des choses les plus cool lorsque j'ai tourné cet episode est que j'ai perdu ma grand-mère il y a environ 3 ans. Elle fut pour moi la personne que j'appréciais le plus au monde. Elle l'est toujours, c'était un être tellement incroyable. Quand Todd Masters a réalisé le maquillage et que je me suis vue dans un miroir, j'ai vu ma grand-mère. Je suis allée le voir presqu'en larmes et je lui ai dit: "je n'arrive pas à croire que tu sois si bon". Il m'a vieillie de la manière dont les gens de ma famille prennent de l'âge. Il est fantastique et fait un travail extraordinaire. J'ai eu un épisode très émouvant cette saison, qui d'ailleurs va être diffusé en milieu de saison et qui s'intitule "The Real World". Il parle de Weir devenant folle.

IF: Les audiences de Stargate Atlantis ont été constamment aussi élevées, voire plus que celles de SG1, quel impact cela a-t-il pour vous dans la série?

HIGGINSON: Je ne suis pas tellement intéressée par l'aspect "business" de la profession, vraiment. Je fais partie de ces acteurs qui dans l'ensemble détestent en parler. Je hais le côté affairiste de tout çà, mais j'aime jouer. Certains viendront chaque lundi pour lister les chiffres et les taux d'audience, alors que moi, je me dit juste "Aurais-je toujours un boulot la semaine prochaine? Vais-je toujours aller au travail?" Je ne me sens vraiment pas concernée par çà. Bien sûr, j'ai eu conscience de l'énorme agitation qu'il y a eu la première année parce nous étions tous effrayés quant à notre devenir. Nous étions le spin off d'un autre spin off, nous étions en train de faire le spin off d'une série bénéficiant d'un public de fidèles qui suivaient ce programme depuis 10 ans et qui allaient probablement nous haïr, pensant que nous allions prendre sa place. Nous étions si nerveux, mais les gens nous ont aimés. Il y a eu des rumeurs comme quoi ils allaient supprimer Stargate et que nous venions en remplacement. Je suis heureuse que cela ne se soit pas produit. Je pense que si cela s'était passé, nous aurions eu à faire fâce à beaucoup d'animosité.

IF: Vous n'aviez jamais été confrontée au monde de la science fiction, comment avez-vous alors réagi face à cette nouvelle technologie, aux Wraith et à tout le travail qui se fait devant l'écran vert (Ndt: les acteurs jouent la scène devant un écran bleu ou vert; puis les effets spéciaux sont rajoutés au montage)?

HIGGINSON: Le boulot devant l'écran vert fut intéressant parce qu'en tant qu'acteur j'ai l'habitude de regarder les gens dans les yeux, en réagissant en fonction de ce qu'ils me donnent. Brusquement, il n'y a plus personne et je dois me persuader que ce que je suis en train de faire est crédible. Cela m'a pris 6 mois environ. J'étais assez mal à l'aise au début. J'ai dû me forcer à redevenir une enfant. Cela a commencé par: "Oh fait chier, joue tout simplement". C'est votre imagination qu'il faut utiliser, vous ne devez pas vous appuyer sur un quelconque support mais vraiment vous laissez porter par tout çà. C'est à ce moment là que j'ai commencé à être excitée par le fait de jouer de la science fiction.

IF: A quoi d'autre pouvons-nous nous attendre pour cette saison 3?

HIGGINSON: Cette saison est en fait de loin ma saison préférée… D'abord parce que les auteurs ont un énorme canevas bien net après avoir écrit 10 saisons de Stargate et 3 d'Atlantis. Ils ont écrit tout ce qu'ils pouvaient. Alors, cette année, ils ont été très audacieux: chaque épisode forme un tout qui explose les lignes préétablies et repousse les limites. Ce que je veux dire, c'est que deux épisodes cette saison sont des sitcoms. Quand vous recevez un script, vous ne savez jamais ce que vous allez lire.
Je suis si tentée de vous raconter des choses que je ne dois pas dire. Je suis une fille qui dit tout ou rien. Quelque chose tellement dingue va survenir dans la seconde partie de la saison 3 que les gens vont péter les plombs. C'est si fou et si inattendu qu'il va y avoir du chahut et qu'internet va s'embraser. Weir a un rendez-vous galant cette saison! Ma chienne apparaît encore cette année et j'en suis ravie. Je suis en train de négocier pour qu'elle devienne un personnage régulier.
Nous avons aussi un nouveau type d'ennemi qui est incroyablement insidieux et quelles que soient les indications que je puisse vous donner, cela ôterait une partie de l'aspect dramatique de l'histoire. Notre premier contact avec eux se fait via la porte. Nous allons vers eux pensant qu'ils pourraient constituer nos meilleurs alliés. On a déjà parlé d'eux dans SG1 et ils reviennent pour 3 ou 4 épisodes cette saison.
Les Wraith, enfin, vont nous montrer un autre aspect cette saison qui va justifier grandement tout ce qui avait pu être avancé au cours de la saison 2 sur le fait que les Wraith sont une maladie que nous pouvons soigner.

IF: Des guest stars intéressantes cette saison?

HIGGINSON: Nous avons eu Robert Picardo cette saison. Il est un homme tellement bienveillant, doux et drôle. Richard Kind était merveilleux. Nous avons eu à travailler à trois reprises avec Richard Dean Anderson, çà a été un vrai regal pour nous les filles.

IF: Avez-vous déjà rencontré Mary McDonnell de Battlestar Galactica?

HIGGINSON : Non. Mais j'adorais me retrouver avec elle, comparer nos notes et profiter de ses connaissances. Dites le lui si vous la croisez, au fait vous avez son numéro ? (rires)

Traduit par Ethopia